dimanche 24 novembre 2013

Je vais bien , ne t'en fais pas.

Un dimanche glacé de novembre. Le ciel est blanc de neige,  mais il ne neige pas. Il n'y a plus de feuilles dans les arbres. Je n'ai pas le courage de sortir.
D'habitude je sors pour sortir, sans but précis, ou alors je m'en invente un , juste pour tuer le temps. Mais aujourd'hui je ne trouve pas et il fait très froid alors je reste chez moi. Ce non-chez moi où je me ramasse tant bien que mal, où j'essaie de faire tenir ensemble les morceaux de moi.
J'ai tout le temps pour réfléchir, mais je ne trouve pas d'explications.
Je suis tellement toute seule que je n'en reviens pas. Il me semble qu je pourrais bien crever d'ennui.
Les histoires se croisent et s'entremêlent sans jamais le début d'une solution. Le peu que j'entrevois ou que je comprends me fait encore plus peur.
Je suis celle qu'on laisse parce qu'on pense qu'elle se débrouillera très bien toute seule. Je me demande d'ou je tiens cette faculté à faire paraître que j'ai les épaules solides. Je n'arrive pas à comprendre comment je peux montrer ça à la face du monde alors que je m'effondre comme un château de cartes. Je ne sais pas pourquoi je ne suis pas capable d'être autre chose...pourquoi ce que je laisse voir est si différent de mon intérieur.
**
Un vendredi soir, nuit à 17:00. je sors encore pour tuer le temps.Je me trouve quelquechose à faire. C'est la perspective de toute la fin de semaine à passer seule. À me demander à quoi je sers .
Message de lui sur mon écran : [salut, je suis en retard, je prends l'auto]
je réponds: [ok, le sac des enfants est dedans]. Je ne peux m'empêcher de penser qu'il me texte en vitesse pour mieux se sauver avec la voiture garée derriere chez moi et ne pas avoir besoin de s'arrêter au cas où je serais là.
[Tout va bien?] il demande, poliment.
[Oui, oui...] tout est dans le point de suspension. Tu veux que tout aille bien alors c'est ça que je te donne.
[Tant mieux, bon week end alors]
C'est ça ,bon week end.
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Je pense au temps qui a filé. 13 semaines vs 13 ans. A combien de temps on peut vivre sous anesthésie locale. Avoir mal à en crever et un gouffre sous les pieds à chaque pas, sans que personne ne s'en rende compte, sauver la face pour ne pas devoir entendre les conneries habituelles : "Ça va passer."
Je pense à cet effet miroir, à cette image de couple idéal. A moi qui croyais ce que je voyais dans ce reflet, alors que c'était faux . Depuis combien de temps c'était faux?
A tout ce que j'ai misé sur lui: tout, absolument, sur une évidence.
A ma vie tranchée en deux morceaux . A toutes les fois ou je me disais que je ne pourrais jamais supporter de le perdre, lui aussi. Et c'est arrivé, d'une autre manière, mais c'est arrivé.
Et je reste là. Extérieur intact. Intérieur en morceaux de verre que j'essaie de remettre ensemble, mais je n'y arrive pas car ils me blessent à chaque fois.

Mais pour tout le monde, et peut-être pour essayer d'y croire moi même, je continuerai de dire "je vais bien, ne t'en fais pas".
(...)




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