mercredi 19 mars 2014

Et la fois ou tu as

6 février 
C'est l'anniversaire de nos garçons. 10 ans.
On a prévu une soirée au resto qu'ils ont choisi, tous ensemble. Depuis qu'on est séparés, ça reste important pour eux les choses qu'on fait "tous ensemble".
On se raccroche tous à ça finalement, certains comme une possible amélioration, d'autres comme une obligation sans doute, ou le souci de bien faire.
Les enfants sont avec lui ce soir; ils passent me prendre en voiture. On tourne longtemps pour se garer, on jase de choses et d'autres dans la voiture...tout semble presque comme avant.
Il fait froid, les trottoirs sont pleins de neige, et on arrive finalement en retard au restaurant.
On attend quelques minutes dans l'entrée que la table soit prête, les enfants devant nous, lui à mes côtés. Pendant une seconde j'ai l'impression que je pourrais me coller à lui et l'embrasser dans le cou, juste parce que j'en ai envie. Pendant une seconde je crois que je pourrais avoir ce geste qu'il me semble avoir toujours eu et que ce serait normal.
Mais non. Je le regarde juste, et non.
Je suis toujours sidérée après ces quelques mois de cette proximité autrefois si évidente , qui n'a plus le droit d'exister . Ça me rend triste. Ce n'est qu'un début...ou une suite? Je ne sais plus vraiment.
La soirée est agréable, les gars sont de bonne humeur...Je me dis presque qu'on va y arriver, à trouver une certaine sérénité dans cette vie là, un jour,
Je regarde mes jumeaux de l'autre côté de la table, et je me dis qu'ils sont beaux comme des anges, qu'ils ont pris toute la place, mais qu'ils sont de chouettes personnages, qu'ils ont tellement grandi ces derniers temps.
Pour leur anniversaire, on leur offre à chacun une montre de grand . Ils sont contents , déballent les paquets, lisent les cartes.
J'ai envie de lui dire , là tout de suite , que je suis heureuse d'avoir eu ces enfants avec lui...qu'on a fait tellement de beaux enfants que tout ça doit bien valoir la peine. Que je n'aurais jamais vécu ça avec quelqu'un d'autre, pour rien au monde.
Et là, il tend la main pour aider un des petits à attacher la montre à son poignet. et tout ce que je vois, c'est qu'il ne porte plus son alliance.
Peut être depuis longtemps d'ailleurs, mais je le remarque là, à cet instant précis.
Comme régulièrement depuis 5 mois, un autre morceau de moi se déchire.
Je ne dis rien, je détourne le regard. Je nous ressers un verre de vin, et je me remets à jouer la comédie.
Plus tard , nous rentrons tous ensemble en voiture...ils me déposent devant chez moi, et rentrent tous à la maison.
Enfin, ce chez moi que j'ai du mal à appeler ainsi, et cette maison que j'appelle encore la nôtre.
 J'ai du mal à m'endormir, le vin m'a fait tourner la tête.
Je me réveille moins de 2 heures plus tard pour une insomnie durable, avec incrustée dans la rétine, l'image de sa main nue autour du poignet d'un de nos fils.