lundi 3 février 2014

Repartir [un peu] en arrière

J'ai souvent écrit ces derniers temps, sur des bouts de feuille, des bouts de carnets, même dans mon iphone. Ça n'avait ni queue ni tête, parfois, où bien je me disais que je me complaisais dans une forme de chagrin sans fin. 
(la téléportation...non ça n'a pas fonctionné, hélas!)
Mais il faut bien écrire ça quelque part. Il faut bien que ça existe ailleurs que dans moi, pour qu'un jour ça arrête de me faire mal. 
Alors ce sera ici, en vrac et dans le désordre.
Pour compenser le silence infernal de ces journées où je n'ai rien autre à faire qu'à penser.

La fin de l'année.
Où tout le monde s'impatiente de voir la nouvelle commencer.
Effectivement, ça serait bien simple de faire disparaitre en une nuit cette année pourrie et repartir  à neuf, comme si tout était possible. Mais c'est pas comme ça, on le sait bien.
À la fin de cette année, rien de neuf ne s'annonce, le froid me gèle le cerveau, mais les larmes coulent toujours, intarissables.
Le matin, tout me fait mal au réveil de ces trop courtes nuits tourmentées. Je me dis que si j'arrive à me lever, le reste devrait suivre et je devrais pouvoir passer la journée comme les autres.
Et ça marche.
C'est comme une anesthésie: je peux faire [le minimum] et avoir l'air à peu près normal. je peux y arriver même si ça me fait un mal de chien, si je n'ai aucune perspective, aucune envie. je peux le faire quand même.

2 janvier - un objectif.
Il faisait très froid ce jour là, et on avait beau se terrer dans l'appartement, même le chauffage ne suivait plus.
j'avais l'impression d'avoir passé 2 jours à pleurer.[ou bien c'était vrai]
Je me suis bien rendue compte que depuis des mois, je consacrais mon énergie restante à essayer de me tenir debout, sans lui.
Je me suis inscrite ce jour là, au demi marathon en septembre. C'est loin comme le bout du monde. Ça me laisse du temps pour y arriver. Et si j'arrive à courir 21km, je pourrai enfin croire moi même, que oui, je suis bien debout sur mes 2 jambes. Quelque chose d'objectif.

"C'est juste un travail"
Non en fait c'est plus que ça. Par la force des choses, c'est (re)devenu beaucoup plus que ça. C'est l'endroit où je ne peux pas me plaindre. L'endroit où ceux dont je dois m'occuper vont mourir, l'urgence est toute autre pour ceux là. C'est là où je me sens un peu utile. C'est ma bouée de sauvetage, mon gagne pain. Je pense beaucoup à ce qui m'a amenée à faire ce métier, à la nécessité de reconnaissance.
Au paradoxe qui fait que les situations si difficiles que je cotoie et gère au quotidien, sont probablement ce qui me fait tenir le coup quand ma vie n'a plus aucun sens.

23 janvier- le corps dit stop.
Méchante, méchante grippe. Méchant malaise. Obligée de m'arrêter.
L'occasion de comprendre [au cas où ce n'était pas clair] que je ne dois compter que sur moi,
4 jours clouée littéralement au lit. Des enfants pas très compréhensifs. Repartie à la mine dès le lundi, avec une fatigue monumentale et une sale toux qui ne veut pas finir.
Je me suis un peu malmenée, mon corps vient de me le faire savoir. [merci , dude, ça m'arrange vachement de savoir que tu ne tiens plus la route toi non plus. Debout, merde! C'est pas le moment. Ce sera jamais plus le moment.]